Bilans prévisionnels de RTE
En vertu de l'
article D141-4 du Code de l'Energie
, le gestionnaire du réseau de transport français, RTE, a pour obligation de publier chaque année un
bilan prévisionnel pluriannuel
réalisé après concertation avec l'ensemble des acteurs du secteur électrique.
Ce bilan comporte une étude approfondie de l'équilibre entre production et consommation d'électricité pour les 5 années suivant sa publication qui comprend notamment une analyse du critère de défaillance, défini comme la durée moyenne de coupure des clients sur un an et qui ne doit pas dépasser 3 heures.
Tous les 2 ans, il comporte également une analyse à plus long terme (15 ans minimum) de l'évolution de l'offre et de la demande en électricité et une évaluation des investissements nécessaires pour garantir l’équilibre sur la période considérée. Depuis 2018, des volets régionaux complètent le document.
La dernière version en date de cet exercice est
bilan prévisionnel 2017
dont une
synthèse
est également disponible.
Son horizon est l’année 2035 pour laquelle sont détaillés 5 scénarios couvrant la période 2022-2035 : le scénario "Ohm" décrit les solutions à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs du secteur électrique définis dans la
loi n° 2015-992 du 17 août 2015
relative à la transition énergétique et la croissance verte (LTECV) et codifiés à l’
article L. 100-4 du code de l’énergie
.
Les quatre autres scénarios constituent autant de variantes intégrant un développement plus ou moins rapide des renouvelables électriques, la prolongation ou non des centrales nucléaires au-delà d'une durée de fonctionnement de 40 ans et la place des moyens thermiques pour pallier la fermeture de ces mêmes centrales.
Concernant la pénétration des renouvelables, les scénarios les plus ambitieux sont Watt, dans lequel les centrales nucléaires sont systématiquement fermées après 40 ans de fonctionnement, et Ampère dans lequel la part du nucléaire atteint 50 % de la production en 2030. Dans ces 2 scénarios, la capacité renouvelable installée atteint en 2035 environ 150 GW, qui représentent 71 % de la production dans Watt et 50 % dans Ampère. Dans les deux cas, plus de 50 % de la production renouvelable est assurée par de l'éolien, environ 20 % par du PV et 20 % par de l'hydraulique, le restant étant couvert par de la biomasse et du biogaz.
Tous ces scénarios ont été simulés pour chaque heure de l'année pour les années 2025, 2030 et 2035 avec à chaque fois un millier de combinaisons d'aléas climatiques.
Dans le modèle utilisé, chaque moyen de production mis en œuvre doit trouver une rentabilité économique sur les marchés de l'électricité qui sont simulés à l’échelle de onze pays en plus de la France.
Enfin, RTE a simulé une centaine de variantes en plus des 5 scénarios mentionnés en modifiant les hypothèses sur la consommation en France, sur la pénétration des renouvelables et sur la trajectoire du nucléaire et des fossiles en France et en Europe, sur le prix des combustibles et du CO2 ainsi que sur le développement des interconnexions.
L'étude de RTE met en lumière les arbitrages à réaliser entre prolongation des centrales nucléaires, rythme de développement des énergies renouvelables, maîtrise des émissions de CO2, développement des interconnexions et des besoins en flexibilité (stockage, effacement). À noter que les résultats sont fortement dépendant du niveau de consommation et de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre au niveau européen.
Dans ces travaux, le photovoltaïque, avec une puissance totale installée allant de 24 à 48 GW en 2035 suivant les scénarios, fournit annuellement entre 28 et 58 TWh qui représentent de 6 à 14% de la production totale d’électricité.
Le rapport public du bilan prévisionnel 2017 de RTE est accessible ici.