[Zoom sur l’absorption de réactif] Comprendre et s’informer sur la mise en oeuvre de la consigne en Basse Tension
Enedis va bientôt mettre en place une nouvelle consigne d’absorption de réactif pour les producteurs raccordés en basse tension : De quoi s'agit-il ? Quel intérêt ? Quels éventuels gains et pertes pour le producteur ?
Nous publions un nouvel article sur l'absorption de réactif pour renseigner producteurs et installateurs sur ce sujet d'actualité : " Zoom sur l'absorption de réactif " .
La nouvelle consigne d'Enedis ne concernera que les nouveaux projets, c’est-à-dire ceux pour lesquels une demande complète de raccordement aura été déposée après la date d’entrée en application. Initialement fixée au 1er novembre 2022, cette date a été reportée au 1er février 2023 à la demande de représentants de producteurs.
Une nouvelle consigne permettant d'augmenter les capacités d'accueil du réseau basse tension de 30 %
La nouvelle consigne demandée par Enedis vise à utiliser une fonctionnalité des onduleurs permettant d’augmenter les capacités d’accueil du réseau. L’étude d’Enedis a ainsi identifié un gain d’environ 30 % sur celles-ci suite à la mise en place de la mesure. L’absorption de réactif permet un gain significatif de capacité d’accueil du réseau à un coût très faible, beaucoup plus faible qu'un renforcement équivalent. Cette mesure coûtera principalement au gestionnaire de réseau qui verra ses pertes électriques augmenter là où du réactif est absorbé. En contrepartie, ce même gestionnaire aura moins d'ouvrages à renforcer.
Des gains sur les coûts de raccordement pour des pertes de production très limitées
Pour le reste, l’immense majorité des producteurs n’aura quasiment pas de pertes, celles-ci étant inférieures à 1 % pour des onduleurs dimensionnés à 80 % de la puissance crête (pour comprendre ces questions de dimensionnement d’onduleur, voir notre article " Bien choisir sa puissance de raccordement "). Les pertes augmentent uniquement lorsque l’on sous-dimensionne très fortement l’onduleur, ainsi, pour un dimensionnement de puissance du champ photovoltaïque à 50 % de la puissance nominale de l’onduleur, la nouvelle consigne de réactif ajoute 2 % (éstimé) de pertes de production annuelle. Cela parait beaucoup, mais pour un dimensionnement de ce type sans absorption de réactif, plus de 10 % de la production est déjà perdue du fait des écrêtements liés au sous-dimensionnement onduleur ! A l'inverse, les producteurs bénéficient de la mesure puisqu'ils peuvent installer 30 % de puissance en plus à coût de raccordement équivalent.
Dans l'optimisation technico-économique, le problème n’est pas la nouvelle consigne de réactif, mais le dimensionnement de l’onduleur qu’il faut modifier pour avoir moins de pertes. La nouvelle consigne ne concernant que les nouveaux projets, il n'y a pas de risque de pertes pour ceux ayant déjà choisi un fort sous-dimensionnement. Pour les nouveaux projets concernés par la consigne, il faudra adapter les règles de dimensionnement de l'onduleur.
L'Association HESPUL indique :
Pour notre part, nous conseillons plutôt de dimensionner aux alentours de 80 % de la puissance crête. 80 % nous semblent en effet un bon compromis entre le niveau des pertes lié aux écrêtements sur les quelques heures de l’année où l’installation produira plus que 80 % de la puissance apparente de l’onduleur, et le gain de capacité d’accueil et de coût de raccordement.
Sur le sujet des pertes liées à l'absorption de réactif, le fabricant d'onduleur SMA a réalisé une vidéo explicative qui confirme que celles-ci sont généralement inférieures à 1 %, même dans des cas défavorables :
L'absorption de réactif est déjà mise en place depuis des années en France en HTA et dans d'autres pays sur la basse tension
La France n’est pas le seul pays a utiliser des consignes d’absorption de réactif. Par exemple, celles-ci sont en place depuis plus de 10 ans en Allemagne, et les experts du programme IEA-PVPS ont identifié un gain de capacité d'accueil de 70 à 90 % lié à la mesure. L’absorption a également été testé dans de nombreux autres états et a fait l’objet d’un retour d’expérience par les experts de la Tache 14 de l'IEA-PVPS : https://iea-pvps.org/wp-content/uploads/2020/01/Task_14_Report__Do_It_Locally_IEA_Final_T14.08.pdf. Les conclusions des auteurs sont unanimes : l’absorption de réactif est un des moyens les moins coûteux pour augmenter les capacités d'accueil du réseau.
Pour en savoir plus :
Lire notre article : " Zoom sur l'absorption de réactif "